Les centrales nucléaires suisses résistent aux séismes

Les examens par l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) des démonstrations des exploitants ont montré que les centrales nucléaires résistent à un grave tremblement de terre. Aucun préjudice pour l’être humain et l’environnement dû à la radioactivité ne résultera d’un tel événement.

« Les centrales nucléaires suisses résistent à un tremblement de terre comme il s’en produit au maximum un tous les 10 000 ans », résume Georg Schwarz, chef de la division « centrales nucléaires », le résultat de l’examen par l’IFSN des démonstrations de maîtrise des séismes. « La protection de la population et de l’environnement face à une dose de radioactivité trop élevée est garantie. »

L’IFSN arrive à la conclusion que le refroidissement du coeur et le refroidissement des piscines de stockage d’éléments combustibles restent garantis sous l’effet d’un tremblement de terre. Ils sont aussi parés en cas de crue due à un séisme. La limite légale de dose de radioactivité de 100 millisievert est nettement respectée lors de ces incidents. Par-là, aucun critère de l’ordonnance de la mise hors service n’est atteint. Les centrales nucléaires peuvent ainsi rester en exploitation.

 

Le barrage de Mühleberg résiste

Dans le cadre de la démonstration de la maîtrise de la combinaison d’un tremblement de terre et de la défaillance de barrages dans le rayon de la centrale nucléaire de Mühleberg en raison d’un séisme, l’exploitant a démontré que ces constructions résistent. Les démonstrations pour les barrages de Mühleberg, de Schiffenen et de Rossens ont été évaluées par les services compétents de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) et de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN).

« Les démonstrations de maîtrise de séismes confirment les examens menés plus tôt dans le cadre de Fukushima, par exemple pour le test de résistance de l’Union européenne », synthétise Hans Wanner, directeur de l’IFSN. « Les centrales nucléaires ont un niveau de sécurité élevé, aussi en comparaison internationale. » C’est aussi le résultat de la politique des rééquipements continus. « Par exemple, les centrales nucléaires plus âgées n’auraient pas réussi la démonstration sans les systèmes de sauvegarde bunkérisés, équipés dans les années huitante et nonante », retient Hans Wanner.

 

Des réserves quant à la démonstration de la centrale nucléaire de Gösgen

L’IFSN accepte les démonstrations des quatre centrales nucléaires suisses. La centrale nucléaire de Gösgen a cependant remis à l’IFSN en mars 2012 une démonstration de maîtrise des séismes en partie déficiente. L’IFSN a donc dû émettre à plusieurs reprises des requêtes supplémentaires. Elle a en outre opéré ses propres calculs. La centrale de Gösgen a en conséquence retravaillé en profondeur des parties de la démonstration. Elle a remis ses derniers rapports le 29 juin 2012. Le premier examen de ces documents a montré que les principales requêtes sont à présent satisfaites. L’IFSN peut donc accepter la démonstration sous réserve des résultats de la vérification détaillée à venir des nouvelles données de la centrale de Gösgen.

« Les défauts identifiés par l‘IFSN dans l’analyse de la résistance sismique de Gösgen ne sont malheureusement pas un cas particulier », critique Georg Schwarz. Dans le cadre du réexamen périodique de sécurité de 2008 déjà et de la démonstration en 2011 de la maîtrise de la crue d’une fréquence de 10 000 ans, les analyses de la centrale de Gösgen étaient piètrement documentées et/ou étaient d’une qualité technique insuffisante. En raison de manquements similaires, la centrale de Gösgen a seulement reçu l’évaluation « suffisant » dans le rapport de surveillance de 2009.

En rapport avec la prise de position sur le réexamen périodique de sécurité de 2008, que l’IFSN publiera plus tard cet été, l’autorité de surveillance requerra des mesures. La centrale de Gösgen devra ainsi présenter comment elle compte améliorer l’assurance qualité dans le domaine des analyses de sécurité.

 

Les démonstrations doivent être complétées

L’IFSN a émis toute une série de nouvelles requêtes aux centrales. Ces requêtes ne remettent cependant pas en question le résultat global des examens. En effet, il s’agit avant tout de compléter les analyses :

  • La centrale de Gösgen doit remettre jusqu’au 31 octobre 2012 des analyses complémentaires concernant le refroidissement du cœur et la résistance sismique des piscines de stockage d’éléments combustibles.
  • En vue de compléter l’exécution de la démonstration relative à une crue due à un séisme, la centrale de Gösgen doit prendre en compte les effets de la défaillance des barrages situés en amont de la centrale dans le périmètre pertinent. L’IFSN concrétisera et suivra cette requête dans le cadre d’une procédure séparée.
  • La centrale de Gösgen doit analyser en détail le contexte global et avec lui les interactions des composantes dans la cuve de pression du réacteur en cas de séisme jusqu’au 31 octobre 2012.
  • La centrale de Gösgen doit adapter les spécifications techniques dans le domaine radiologique. L’IFSN attend la proposition relative jusqu’au 31 octobre 2012 également.
  • Les centrales nucléaires de Leibstadt et de Mühleberg doivent démontrer que les éléments combustibles ne puissent pas être soulevés ou déplacés de côté lors d’un tremblement de terre d’une fréquence de 10 000 ans. La démonstration est à déposer auprès de l’IFSN jusqu’au 31 décembre 2012.
  • La centrale de Mühleberg doit compléter les calculs de la sécurité parasismique pour les barrages dans le rayon de la centrale en vertu des exigences contenues dans les rapports d’examen de l’OFEN. Les documents retravaillés sont à remettre à l’OFEN et à l’IFSN jusqu’au 31 octobre 2012.
  • La centrale de Mühleberg doit opérer une analyse en vue de l’amélioration de la fonction d’étanchéité de la plaque isolante située entre la piscine de stockage pour assemblages combustibles et la cavité du réacteur. Les résultats de l’analyse sont à déposer auprès de l’IFSN jusqu’au 31 décembre 2012 pour évaluation.
  • La centrale nucléaire de Beznau doit examiner dans quelle mesure les soupapes de sécurité de vapeur fraîche peuvent être commandées de façon continue, tout en résistant aux séismes, par le poste de commande de secours.
  • La centrale nucléaire de Beznau doit examiner jusqu’au 30 septembre 2012 si des mesures réalisables à court terme peuvent être prises en vue d’empêcher un abaissement non autorisé du niveau de liquide par un effet de siphon lors d’une situation d’exploitation donnée dans la piscine de stockage des éléments combustibles.

 

Les démonstrations de résistance aux séismes actualisées dans un avenir proche

« Les démonstrations de maîtrise des séismes actuelles n’ont qu’une validité provisoire », souligne Georg Schwarz. Elles se basent sur des calculs intermédiaires du projet PEGASOS Refinement de mai 2011. Au terme de ce projet et de l’examen de ses résultats par l’IFSN, l’autorité de surveillance détermina pour chaque site l’aléa sismique. Les exploitants auront alors à analyser sur cette base les hypothèses de risques sismiques. Ils devront également actualiser les démonstrations de résistance aux tremblements de terre.

A la suite d’événements importants attribués au niveau deux ou à un niveau supérieur de l’échelle d’appréciation internationale des incidents INES, un examen doit être mené pour vérifier si les critères de mise hors service sont remplis. L’IFSN a ordonné cet examen le 18 mars 2011, une semaine après le tremblement de terre au Japon. Les exploitants devaient entre autres prouver jusqu’au 31 mars 2012 que leurs installations maîtrisent un tremblement de terre et la combinaison d’un séisme et d’une crue causée par ce dernier.