Protection contre les crues: prises de position en cours

Suite à l’accident du réacteur de Fukushima, l’IFSN a décidé le 1er avril 2011 que les exploitants des centrales nucléaires suisses avaient jusqu’à fin juin 2011 pour apporter la preuve de la maîtrise d’une crue extrême fortement improbable. Les rapports ont été remis dans les délais. L’IFSN publiera ses prises de position à ce sujet début septembre.

On a demandé aux exploitants des centrales nucléaires suisses d’apporter la preuve de la maîtrise d’une crue extrême, dont la probabilité d’occurrence est de 0,01 % par an. Si une centrale nucléaire peut démontrer qu’elle maîtrise une crue survenant une fois en 10’000 ans, c’est qu’elle est aussi armée contre une crue plus fréquente et ainsi moins extrême.

Cette exigence de maîtrise d’une crue extrême, la plus importante sous l’angle de la protection de la population, est la preuve qu’il n’y aura pas de relâchement inadmissible de radioactivité, également en présence d’un tel scénario.

La preuve doit être apportée sur la base d’hypothèses pessimistes, telles que la panne complète de systèmes de sécurité importants, allant au-delà des hypothèses de la réglementation aujourd’hui valable pour les analyses de sécurité.

Depuis le mois de juillet, un groupe de travail interne de l’IFSN analyse les rapports remis par les exploitants des centrales nucléaires.

Des expertises réalisées par des équipes interdisciplinaires

L’expertise des rapports et des requêtes des exploitants des centrales nucléaires fait partie des tâches principales incombant à l’IFSN. L’autorité de surveillance de la Confédération pour la sécurité des installations nucléaires suisses peut ici, en tant qu’autorité de contrôle technique, recourir au savoir-faire d’experts spécialisés dans les disciplines scientifiques les plus variées (génie mécanique, électrotechnique, physique, chimie, géologie, technique nucléaire, etc.).

Les expertises de l’IFSN sont généralement réalisées par des équipes interdisciplinaires; il n’est pas rare qu’elles soient composées de plusieurs dizaines de collaborateurs scientifiques. En cas de problèmes techniques ou scientifiques particuliers, on recourt à l’aide d’experts externes de renom en Suisse et à l’étranger.

Dans la vérification actuelle des analyses sur la protection contre les crues, les trois questions suivantes sont au premier plan:

  • Les hypothèses de risque concordent-elles pour le site considéré?
  • Les effets de la crue sur l’installation ont-ils été analysés correctement?
  • Les doses résultant de l’accident ont-elles été calculées correctement?

L’IFSN ne fixe pas en détail la manière dont les exploitants doivent réaliser les analyses demandées, mais une fois les rapports en sa possession, elle en vérifie les informations, leur plausibilité et leur justesse technique. L’autorité de surveillance réalise aussi ses propres calculs indépendants pour vérifier les études présentées.

Si des résultats ne sont pas acceptés, les exploitants doivent procéder à de nouvelles analyses dans des délais serrés. Quand des possibilités d’améliorer la sécurité de l’installation sont identifiées, l’IFSN décide des mesures correspondantes. Si dans les conditions extrêmes supposées, les hypothèses de l’ordonnance sur la radioprotection ne sont pas respectées, l’IFSN décide de la mise hors service provisoire de l’installation.

Approfondissement des connaissances

Au cours de la procédure d’autorisation générale pour de nouvelles centrales nucléaires, de toutes dernières méthodes ont permis de déterminer le risque que couraient les sites des centrales nucléaires suisses de Beznau, Gösgen et Mühleberg face à des crues ; ce risque a déjà été analysé par l’IFSN. Les analyses maintenant disponibles se basent donc essentiellement sur les connaissances actuelles améliorées.

Le site de Leibstadt n’ayant pas fait l’objet d’une demande d’autorisation générale pour une nouvelle centrale nucléaire, l’exploitant de la centrale nucléaire doit apporter la preuve de la sécurité en cas de crue extrême à Leibstadt.

Hypothèses pessimistes

Pour rester du côté de la prudence, l’analyse des conséquences d’une crue extrême se base sur des hypothèses pessimistes:

  • Tous les systèmes de la centrale nucléaire qui n’étaient pas explicitement protégés contre l’inondation sont en panne.
  • L’approvisionnement électrique externe est interrompu.
  • Si on ne peut pas l’exclure de manière sûre, les prises d’eau sont obstruées.

L’IFSN examine précisément si ces conditions limites et les autres sont respectées. Le texte de la décision de l’IFSN et la directive ENSI-A01 sont déterminants pour les rapports des exploitants des centrales nucléaires. Les définitions des directives ENSI-A08 et ENSI-G14 s’appliquent pour l’analyse des termes sources et les calculs de la dose de la contamination radioactive.

L’expertise des preuves présentées par les centrales nucléaires à propos de la maîtrise d’une crue survenant une fois tous les 10’000 ans sera terminée d’ici fin août. L’IFSN publiera ses prises de position début septembre.