L’IFSN accepte en principe toute proposition d’amélioration de la sûreté de centrales nucléaires

Les centrales nucléaires suisses sont sûres. Toutefois, les exploitants ont présenté sur mandat de l’IFSN la manière dont ils ont l’intention de supprimer les points faibles dans les domaines du stockage des assemblages combustibles usés et de l’alimentation en eau de refroidissement. L’IFSN a fondamentalement accepté dans ses avis les approches de solution proposées, mais a partiellement posé des conditions pour les demandes de validation restant à déposer avant application des mesures proposées.

Piscine de stockage d’assemblages combustibles usés à la centrale nucléaire de Mühleberg

A la suite des événements de Fukushima, l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) a ordonné le 18 mars 2011 que les centrales nucléaires déposent jusqu’au 31 mars 2011 un rapport relatif à l’alimentation en eau de refroidissement des systèmes de sécurité et auxiliaires ainsi que sur la sûreté et la surveillance des piscines de stockage des assemblages combustibles usés. Les exploitants ont déposé ces documents dans les délais. L’IFSN a analysé les dossiers remis dans le courant du mois d’avril 2011 et identifié des points faibles dans le domaine du stockage des assembles combustibles usés et, dans le cas de la centrale nucléaire de Mühleberg, dans l’alimentation en eau de refroidissement des systèmes de sécurité et auxiliaires. Ces points faibles ne représentaient toutefois pas un danger immédiat pour la population, ce qui explique pourquoi aucune centrale nucléaire suisse n’a dû être mise à l’arrêt dans un délai court.

Centrale nucléaire de Beznau : le comportement aux secousses sismiques du bâtiment de stockage des assemblages combustibles usés nécessite des améliorations. Le système de refroidissement des piscines de stockage des assemblages combustibles usés n’est pas suffisamment protégé contre les séismes et les submersions. Les mesures de gestion de situation d’urgence pour le rétablissement du refroidissement après un séisme ou une inondation ne sont pas complètes.

Centrale nucléaire de Gösgen : le niveau de remplissage et la température des piscines de stockage des assemblages combustibles usés sont affichés dans la salle de commande principale, mais pas au poste de commande de secours.

Centrale nucléaire de Leibstadt : le niveau de remplissage et la température des piscines de stockage des assemblages combustibles usés sont affichés dans la salle de commande principale, mais la résistance de ces affichages aux événements exceptionnels n’est pas prouvée. Les valeurs mesurées ne sont pas affichées au poste de commande de secours.

Centrale nucléaire de Mühleberg : l’alimentation en fluide de refroidissement du système piloté par le poste de commande secours ne présente aucune alternative au pompage d’eau dans l’Aar. Le système de refroidissement des piscines de stockage des assemblages combustibles usés n’est pas suffisamment protégé contre les séismes et les submersions. Les mesures de gestion de situation d’urgence pour le rétablissement du refroidissement après un séisme ou une inondation ne sont pas complètes.

Sur la base des rapports remis, l’IFSN a exigé le 5 mai 2011 de toutes les centrales nucléaires qu’elles proposent d’ici au 31 août 2011 des mesures destinées à supprimer les points faibles cités. Ces propositions ont également été remises dans les délais par les exploitants et examinées entre temps par l’IFSN. Les conclusions sont les suivantes :

Centrale nucléaire de Beznau : dans sa réponse, l’exploitant a mentionné les mesures destinées à améliorer la protection du bâtiment de la piscine de stockage des assemblages combustibles usés contre les secousses sismiques. Il y a également expliqué comment il avait l’intention de refroidir désormais les piscines de stockage, et d’assurer leur réalimentation en eau dans une situation d’urgence. Il a aussi l’intention d’ajouter une conduite de décompression du bâtiment de la piscine de stockage afin de pouvoir évacuer la chaleur en cas d’urgence. Il mettra enfin en place une instrumentation résistante aux influences d’événements externes pour la surveillance du niveau de remplissage et de la température des piscines de stockage des assemblages combustibles usés. Ces mesures permettent de satisfaire aux exigences. L’IFSN a ajouté dans son avis des prescriptions qui devront être prises en compte lors du dépôt des dossiers de demande d’autorisation relatifs aux étapes suivantes de la procédure. Les mises à niveau doivent être achevées d’ici à la fin 2014.

Centrale nucléaire de Gösgen : la proposition de solution de l’exploitant concerne essentiellement l’affichage des mesures de niveau de remplissage et de la température des piscines de stockage des assemblages combustibles usés, non seulement en salle de commande, mais également au poste de commande de secours. Elle satisfait pour les points essentiels aux exigences de la directive de l’IFSN. L’IFSN attend toutefois de l’exploitant qu’il mentionne dans sa demande de validation le détail de la procédure de transmission des informations correspondantes par un système de substitution en cas de panne de la chaîne de mesure de base ou la manière dont il compte lever la panne dans le délai nécessaire imparti. La réalisation de cette modification doit intervenir au cours de la révision annuelle 2012.

Centrale nucléaire de Leibstadt : la mise à niveau par un système de surveillance du niveau de remplissage et de la température des piscines de stockage des assemblages combustibles usés satisfait aux exigences. La réalisation interviendra d’ici à la fin 2013.

Centrale nucléaire de Mühleberg : le concept de l’exploitant prévoit la construction d’une tour de refroidissement compacte afin de disposer d’une alimentation alternative en fluide de refroidissement des systèmes de sécurité et auxiliaires. Il est en outre nécessaire d’installer un système supplémentaire de refroidissement des piscines de stockage des assemblages combustibles usés et de réaliser un système supplémentaire de réalimentation de secours des bassins de stockage. Il est de plus prévu une surveillance insensible aux pannes externes du niveau et de la température des piscines de stockage des assemblages combustibles. La centrale nucléaire de Mühleberg satisfait ainsi pour l’essentiel aux exigences de l’ordonnance. En ce qui concerne les mises à niveau décrites, l’IFSN exige toutefois une analyse approfondie et d’autres documents concernant différents aspects. Le système de réalimentation des bassins de stockage des assemblages combustibles sera réalisé au cours du premier semestre de 2012. Les demandes de validation des autres mises à niveau doivent être transmises d’ici au 30 juin 2012, afin que l’IFSN puisse les vérifier intégralement et les évaluer avec d’autres mises à niveau prévues dans le cadre de son avis de sûreté technique d’autorisation de la poursuite de l’exploitation de la centrale nucléaire de Mühleberg.

L’IFSN publie les réponses des décisions des exploitants de centrale nucléaire apportées aux questions posées dans l’ordonnance du 5 mai 2011, ceci en respectant les prescriptions en vigueur concernant la protection des informations et des données. Les données personnelles ainsi que les données significatives pour la sûreté ont été masquées en conséquence dans les documents suivants :

Sur la base de ces réponses, l’IFSN a émis les avis suivants :

Il manque encore la preuve de résistance aux effets d’un séisme

Il manque encore les preuves de la maîtrise des conséquences du séisme dit des 10’000 ans ainsi que de la maîtrise des conséquences du cumul des effets de séismes et de la défaillance du fait des secousses sismiques des installations de barrage en amont de la centrale nucléaire. Ces preuves de sécurité doivent être adressées à l’IFSN d’ici au 31 mars 2012. L’exploitant doit prouver qu’un sinistre avec exposition à une dose d’irradiation accrue peut être exclu. Si cette preuve n’est pas apportée, l’exploitant devra mettre la centrale concernée hors service, à moins que l’IFSN en ordonne la mise à l’arrêt provisoire. Les mesures de mise à niveau éventuelles ne pourraient alors être appliquées que pendant le temps d’arrêt de la centrale.

Même s’il n’existe aucune menace directe et que les critères de mise hors service ne sont pas atteints, l’événement doit faire l’objet d’une évaluation concernant les effets sur la sûreté. Les mesures nécessaires pour l’augmentation de la sûreté doivent être déduites et appliquées dans le cadre de cette analyse. Ces travaux vont vraisemblablement durer plusieurs années, mais peuvent être effectués pendant l’exploitation de la centrale.

(L’article a été complété le 18.11.2011 par un document (réponse 2 Centrale nucléaire de Beznau) et a fait l’objet à cette occasion d’une révision de sa rédaction.)