« La centrale nucléaire de Gösgen est dans un bon état du point de vue de la sécurité »
La centrale nucléaire de Gösgen est dans un bon état, résume en ces termes Georg Schwarz, remplaçant du directeur de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) et chef du domaine de surveillance « centrales nucléaires », les principales conclusions de la prise de position sur le réexamen périodique de sécurité. La documentation incomplète et en partie incompréhensible ainsi que des problèmes d’assurance qualité dans le secteur des analyses ternissent l’image positive globale, regrette Georg Schwarz dans l’interview.
Quels sont les principaux résultats du réexamen périodique de sécurité de Gösgen ?
Georg Schwarz: L’analyse du réexamen périodique de sécurité de Gösgen a montré que cette centrale est, du point de vue de la sécurité technique, dans un bon état. L’exploitant assume son devoir légal et sa responsabilité. Il a pris les mesures nécessaires en vue de garantir la protection de la population et de l’environnement contre le rayonnement ionisant. L’évaluation de la conduite de l’exploitation durant la période en revue montre que seuls quelques événements signifiant un écart de l’exploitation normale sont survenus. Tous les écarts ont été maîtrisés dans les limites de dimensionnement. Aucune valeur limite n’a été dépassée. Une marge de sécurité élevée a été assurée dans tous les cas. Il est à noter qu’aucun arrêt automatique du réacteur non planifié ne s’est produit dans la centrale de Gösgen entre 1990 et la fin juin de cette année. Il s’agit de quelque chose d’unique au monde.
L’IFSN répète constamment que la sécurité est un processus. Est-ce que cette pratique est aussi appliquée à Gösgen ?
La centrale de Gösgen a, durant la période en revue, effectué quelques rééquipements importants. Ces derniers contribuent encore à l’élévation du niveau de sécurité de l’installation. J’aimerais encore particulièrement relever le remplacement de deux soupapes de sécurité du circuit primaire par trois soupapes. Ces travaux ont conduit à une amélioration claire de la limitation de la pression dans le circuit primaire. En cas de nécessité, le circuit primaire pourrait désormais être soumis à une décompression ciblée.
L’IFSN requiert cependant des mesures d’amélioration supplémentaires.
Oui. Nous avons constaté lors de l’analyse qu’un potentiel pour des améliorations techniques était aussi présent à Gösgen. L’IFSN a enjoint la centrale à étudier certains éléments plus exactement et à proposer des mesures de rééquipement.
Pouvez-vous nous donner des exemples?
Il est notamment possible de souligner le remplacement de la technique de commande. Ce remplacement est certes prévu par la centrale. De l’avis de l’IFSN, il doit cependant être opéré avec la plus haute priorité. La raison en est que pour la plupart des dispositifs de commande, plus aucune pièce de rechange ne peut encore être produite. Les fabricants n’offrent aussi plus aucun soutien technique. De l’avis de l’IFSN, cet état n’est pas admissible sur le long terme. Un remplacement de la technique de commande avec de la technique moderne est ainsi nécessaire. Il doit être réalisé aussi vite qu’il est possible de le faire.
L’IFSN n’a publié son avis sur le réexamen périodique de la sécurité de la centrale de Gösgen que maintenant, c’est-à-dire trois ans après son dépôt. Pourquoi ?
Normalement, nous publions notre prise de position relative à un réexamen de sécurité dans les deux ans qui suivent la présentation de la documentation. Dans le cas de ce réexamen, deux raisons expliquent ce retard d’environ 16 mois. D’une part, la documentation incomplète et en partie incompréhensible a conduit à de nombreuses requêtes supplémentaires, ralentissant et compliquant l’analyse. Une seconde raison se trouve être la catastrophe dans l’installation japonaise de Fukushima Dai-ichi. Les travaux relatifs au réexamen de sécurité de Gösgen ont provisoirement été suspendus pour des raisons de priorités. Ces travaux n’ont pu reprendre qu’à la fin 2011.
Quelles en sont les conséquences?
Le retard a notamment eu pour effet que certaines des requêtes formulées dans le projet de la prise de position de l’IFSN ont été entretemps déjà traitées par la centrale de Gösgen. Elles étaient du moins commentées de telle sorte qu’au début 2011 le projet disponible a encore dû être remanié en profondeur. Ceci a mené à un retard supplémentaire.
Vous avez aussi parlé de défauts en matière de documentation.
Comme relevé à l’occasion de la conférence de presse sur les démonstrations de maîtrise des séismes, nous avons en effet constaté des déficits importants concernant les documents remis dans le domaine des analyses de sécurité. Ces documents ne remplissaient que partiellement les exigences de la réglementation, conduisant à des requêtes supplémentaires importantes de notre part.
Comment a réagi l’IFSN par rapport à cela?
L’IFSN n’accepte pas ce procédé de la part de la centrale de Gösgen. Nous avons donc exigé un remaniement approfondi de l’examen. Nous pensons d’ailleurs qu’une simple correction des documents ne suffit pas. L’IFSN a ainsi requis dans ce domaine des mesures organisationnelles et personnelles supplémentaires. La centrale de Gösgen en a entretemps déjà commencé l’application. L’IFSN suivra les développements dans ce secteur attentivement et demandera en cas de besoin des mesures complémentaires.
Pourquoi, malgré les défauts dans la documentation, l’IFSN peut-elle remettre une prise de position définitive concernant l’état de la sécurité de la centrale nucléaire de Gösgen ?
Malgré les déficits identifiés par l’IFSN, les informations déposées et les documents issus de requêtes supplémentaires étaient suffisamment complets pour montrer que la centrale nucléaire de Gösgen satisfait aux exigences en matière de sécurité technique.
Pourquoi un tel réexamen de la sécurité n’a-t-il lieu que tous les dix ans ? L’exploitant ne doit-il entretemps plus examiner son installation ?
En plus du réexamen périodique se déroulant tous les 10 ans, l’exploitant est obligé d’effectuer des évaluations systématiques de sécurité et de sûreté durant l’entier de la durée de vie de son installation. Il doit documenter les résultats de ces évaluations systématiques dans ses rapports annuels. L’IFSN publie aussi dans son rapport annuel une évaluation de la sécurité pour chaque centrale nucléaire. Le réexamen périodique de sécurité complète ces évaluations annuelles d’une approche synthétique approfondie plus distante.