Centrale nucléaire de Leibstadt : pas d’examen supplémentaire de la cuve de pression du réacteur

La cuve de pression de la centrale nucléaire de Leibstadt se compose de plaques laminées à chaud. L’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) exclut donc dans une large mesure des découvertes semblables à celles de la centrale nucléaire belge de Doel 3. Pour cette raison, la cuve de pression ne doit pas être vérifiée de manière détaillée, au contraire des viroles forgées des centrales nucléaires de Gösgen, Beznau et Mühleberg.

La centrale nucléaire de Leibstadt se trouvait certes sur la liste publiée par l’autorité de surveillance belge. Cependant, elle se différencie des réacteurs belges aussi bien par rapport au fabricant que par rapport au processus de fabrication. Pour les viroles cylindriques du revêtement, pour le fond voûté (calotte) et pour le couvercle de la cuve de pression du réacteur, aucun matériau forgé n’a été employé. Il s’agit en effet de matériau laminé à chaud. Ce constat résulte des documents requis par l’IFSN auprès de l’exploitant de la centrale nucléaire de Leibstadt en été 2012.

Suite à la découverte d’indications, l’autorité de surveillance belge, l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), avait mené des analyses détaillées concernant la thématique de Doel. L’hypothèse de départ supposait que les indications étaient dues à des défauts de qualité lors du forgeage. Elle a été confirmée par les données actuelles. Jusqu’à nouvel avis, la centrale nucléaire de Leibstadt n’est donc pas concernée par la recommandation de l’Association des régulateurs d’Europe de l’ouest (WENRA).

Viroles forgées :

Les cuves de pression des réacteurs belges ont été fabriquées à partir de viroles forgées sans soudure. Ces parties ont été fabriquées à partir de blocs plus importants. Ceux-ci ont été fondus dans un four électrique avant d’être coulés sous vide. D’après les informations actuelles, les indications dans les cuves de pression des réacteurs belges semblent provenir de défauts dus à l’hydrogène. Ces derniers peuvent survenir dans des zones de ségrégations (ressuage, augmentation ou diminution de certains éléments). Ces zones apparaissent lors de la coulée et de la solidification du bloc en acier. Le type et le moment du traitement thermique (traitement d’effusion d’hydrogène) pendant et après le processus de forgeage sont déterminants pour la diminution de la concentration d’hydrogène.

Viroles laminées :

Les viroles de la cuve de pression de Leibstadt se composent de plaques laminées à chaud. Elles ont été soudées sur la longueur. Le matériau laminé a été fabriqué en majeure partie en France, mais aussi au Japon dans une moindre mesure. Les températures et pressions dans des réacteurs à eau bouillante, comme à Leibstadt, sont plus faibles que dans les réacteurs à eau pressurisée, comme à Doel ou Tihange. Les cuves de pression de réacteurs à eau bouillante font donc état de parois moins épaisses. La taille et l’épaisseur des plaques sont moindres en comparaison avec des blocs forgés. Pour cette raison, la probabilité de ségrégations inadmissibles dans les plaques laminées à chaud est très faible. Les dimensions plus petites permettent également un meilleur dégazage de l’hydrogène lors du traitement thermique.
Demande rapide d‘informations

Les indications dans les cuves de pression des centrales nucléaires belges de Doel 3 et Tihange 2 avaient été rendues publiques en été 2012. L’IFSN avait alors très rapidement exigé des informations de la part des centrales nucléaires de Leibstadt et de Mühleberg. Ces informations devaient porter sur la fabrication, sur la validation ainsi que sur les examens périodiques et spéciaux des cuves de pression. L’IFSN a étendu cette requête aux autres installations suisses fin 2012. Les données devaient permettre une évaluation de la transposition possible de la thématique de Doel aux installations helvétiques.

En été 2013, l’IFSN a requis des exploitants des centrales nucléaires de Beznau et Gösgen qu’ils analysent le matériau de base des cuves de pression par rapport à des défauts possibles. Une analyse par ultrasons doit avoir lieu lors des trois prochaines années. Elle doit en outre être réalisée dans le cadre du prochain contrôle périodique des joints de soudure de la cuve de pression. L’IFSN applique avec cette requête une recommandation de l’association WENRA. Cette dernière s’était penchée sur la question des découvertes survenues en Belgique.