Un travail important attend aussi l’IFSN lors des révisions annuelles de centrales nucléaires

Chaque centrale nucléaire suisse est arrêtée une fois par an. A cette occasion, l’exploitant exécute la révision périodique et l’échange de combustible. Un travail important attend alors non seulement le personnel de la centrale et les travailleurs externes, mais aussi les inspecteurs de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN).

C’est pendant les arrêts estivaux dus aux révisions que l’IFSN réalise une partie importante de ses inspections dans les centrales. Pendant ce temps – alors que la demande en électricité est basse en Suisse – les cinq réacteurs des quatre centrales nucléaires suisses (Beznau, Gösgen, Leibstadt et Mühleberg) sont arrêtés. Les générateurs sont découplés du réseau électrique. Les arrêts des centrales nucléaires particulières durent normalement entre deux et six semaines selon l’importance des travaux.

 

Les installations sont entretenues et révisées pendant ce temps. Des travaux de nettoyage, de contrôle, d’examen, de remise en état et de renouvellement sont exécutés. En plus, les nombreuses inspections des experts de l’IFSN se déroulent à tout moment du jour et de la nuit. Pour tous les travaux de révision, plusieurs centaines voire jusqu’à plus d’un millier de spécialistes issus du monde entier doivent être engagés en plus du personnel propre des centrales. Cet afflux représente un défi important pour la centrale, en particulier pour les spécialistes de la radioprotection et le personnel de garde.

 

En service 24 h sur 24

Les inspecteurs de l’IFSN sont en affectation 24 h sur 24 lors des travaux de révision dans chacune des centrales nucléaires. Ces travaux se déroulent alors en service par roulement. Il se peut par exemple qu’une composante ou une pièce de rechange soit remplacée ou montée tard dans la nuit. C’est à ce moment donné que l’inspection doit débuter. Elle ne peut pas attendre qu’il fasse jour.

Les inspecteurs de l’IFSN proviennent de différents domaines spécifiques comme par exemple l’électrotechnique, le génie mécanique, le génie civil, l’ingénierie des systèmes, la technique des réacteurs ou la radioprotection. Les spécialistes de la section « cœur du réacteur »  doivent notamment contrôler le chargement correct et conforme du cœur du réacteur. Ils ont aussi à examiner les caractéristiques en matière de physique des réacteurs avant qu’ils ne permettent le redémarrage de l’exploitation en puissance du réacteur. Durant la révision, d’autres experts issus de la section « mesure de la radioactivité » prélèvent des échantillons d’herbe à proximité de la centrale. Ils les évaluent par la suite dans le laboratoire de mesure de l’IFSN.

 

Nouveau combustible nucléaire

Lors des travaux de révision, les éléments combustibles irradiés sont déchargés de la cuve du réacteur et remplacés par des éléments combustibles frais. Pour le combustible, ils contiennent de l’uranium (uranium 235). Dans les réacteurs à eau pressurisée de Beznau et de Gösgen, des assemblages de combustible MOX sont en outre employés. Il s’agit d’un mélange d’oxydes avec de l’uranium et du plutonium. La disposition des éléments combustibles dans le cœur de la cuve du réacteur doit être, avant chargement, calculée à nouveau à l’aide de la physique.

En fonction de prescriptions spécifiques, les assemblages sont déplacés ou chargés au moyen d’une machine de chargement du combustible, à savoir une grue spécialement équipée. Par année, entre un sixième et un quart des éléments combustibles sont remplacés à l’occasion de l’échange du combustible. Le cœur du réacteur de chaque centrale est différent. Aussi bien la quantité et la disposition des assemblages combustibles que la construction et la dimension varient de réacteur à réacteur. A titre d’exemple, le cœur du réacteur de Leibstadt contient 648 assemblages combustibles alors que les réacteurs de Beznau 1 et 2 en contiennent chacun 121.

Les assemblages combustibles usés ou irradiés restent dans les centrales nucléaires. Ils y sont refroidis dans des bassins de stockage d’éléments remplis spécialement d’eau. Ces bassins sont aussi appelés « piscines de désactivation » ou « piscines de stockage ». Les assemblages y restent entre cinq et huit ans en vue de leur refroidissement. L’eau de la piscine sert à l’évacuation de la « chaleur résiduelle » du combustible usé. Le refroidissement a lieu, quant à lui, dans un circuit séparé.

 

Travaux d’entretien et contrôles

Les travaux de révision concernant l’entretien, l’amélioration et le renouvellement se déroulent aussi bien dans le secteur nucléaire que dans le secteur conventionnel de l’installation. Des spécialistes des domaines de compétences les plus variés sont employés à cette fin. Rien que la liste des contrôles périodiques en matière de génie mécanique permet de se faire une idée de la quantité et de la diversité des travaux : contrôles par ultrason, par rayonnement gamma, par courant tourbillonnaire, par ressuage et contrôles d’étanchéité. Lors des tests d’étanchéité des cuves de pression et des conduites, l’IFSN collabore avec un expert suisse par le biais de l’Association suisse d’inspection technique (ASIT).

Du moment que l’opérateur de la centrale termine la révision, l’inspection définitive est entamée. Environ un jour avant le redémarrage planifié de l’installation, l’IFSN et son expert externe l’ASIT font leur dernière ronde. L’IFSN doit alors constater que les éléments sont prêts à l’exploitation et en état de marche. Elle doit aussi s’assurer qu’aucun résultat ne contrevient au redémarrage et à son exploitation sûre. Après avoir constaté ces éléments, l’IFSN peut approuver le redémarrage de l’installation, c’est-à-dire la reprise du prochain cycle d’exploitation d’une année.