« Nous devons tout faire pour rendre les centrales nucléaires plus sûres au niveau international »
Après l’accident nucléaire de Fukushima, l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) a déposé un amendement à la Convention sur la sûreté nucléaire. Cet amendement sera discuté dans le cadre de la réunion d’examen se déroulant de fin mars à début avril 2014 à Vienne. Dans une interview, le directeur de l’IFSN Hans Wanner explique les motivations de cette intervention.
La Suisse s’engage au niveau international pour un renforcement des exigences de sécurité pour les installations nucléaires. La réunion d‘examen de la Convention sur la sûreté nucléaire a débuté cette semaine. Que fait la Suisse dans ce domaine ?
Hans Wanner : Nous avons déposé à la fin de l’année précédente un amendement à la Convention sur la sûreté nucléaire. Cet amendement exige que de nouvelles centrales nucléaires soient construites d’après les standards de sécurité et les technologies les plus récents. La sécurité des centrales nucléaires existantes doit s’orienter sur ces normes. Des accidents comme à Fukushima ne doivent simplement plus se produire. Il n’est pas acceptable qu’un tel accident rende une région entière inhabitable pour longtemps.
N’existe-t-il pas aujourd’hui déjà de telles exigences ?
Elles ne sont contenues dans la Convention sur la sûreté nucléaire que sous forme très générale. Il nous semble important qu’une requête concrète existe de sorte que chaque pays rende compte tous les trois ans de ses efforts concernant la sécurité des centrales nucléaires existantes. Il est ensuite possible d’en discuter ouvertement lors de la réunion d’examen. Une telle requête n’était pas existante jusqu’à aujourd’hui.
Comment estimez-vous les chances que la Suisse obtienne un succès avec son amendement à la convention ?
C’est difficile à dire. En ce moment, nous entreprenons tout, ici à Vienne, pour trouver autant de partenaires du même avis afin de soutenir notre intervention. L’orientation générale est partagée par la plupart des pays. Toutefois, la disponibilité en vue du processus de longue haleine pour la modification de la convention est considérée comme trop dispendieuse par certains pays. D’un autre côté, nos requêtes sont déjà une pratique courante auprès des pays membres de la WENRA.
Pourquoi la Suisse s’investit-elle avec de telles perspectives de succès?/strong>
Nous pensons que l’on ne peut pas simplement retourner à l’ordre du jour trois ans après l’accident de Fukushima. Tchernobyl et Fukushima ont montré que des accidents dans des centrales nucléaires sont des enjeux internationaux. Nous devons donc tout faire pour que les centrales nucléaires deviennent plus sûres au niveau international.
L’AIEA a réagi après Fukushima. Elle a organisé une réunion d’examen extraordinaire de la convention sur la sûreté nucléaire en 2012. L’accident nucléaire au Japon était alors au centre des débats. L’IFSN avait alors aussi remis des propositions pour l’amendement de la convention.
En 2012, nous avons exigé au niveau international que les vérifications d’experts internationales soient plus contraignantes. Nous avons également demandé plus de transparence. La réunion avait alors décidé d’instituer un groupe de travail au lieu d’amender la convention. Ce groupe de travail devait se pencher sur cette thématique et proposer des mesures. Nous nous sommes également engagés dans ce groupe de travail. Le résultat consiste en une proposition commune de 42 mesures en vue d’améliorer le processus de vérification des rapports nationaux. Nous soutenons cette proposition dans son intégralité mais maintenons cependant notre requête pour modifier la convention.
Par rapport à ces requêtes, comment est-ce que la Suisse se situe ?
Nous remplissons déjà aujourd’hui ces exigences. Des missions d’examen régulières dans les centrales mais aussi chez nous, à l’autorité de surveillance, sont réalisées depuis des années. La loi prescrit par ailleurs des réexamens périodiques de sécurité globaux. Les installations existantes doivent être rééquipées sur leur base en fonction de l’état de la technique de rééquipement.